Les coiffures portées au 5e Génie
Casque (et cuirasse) de sapeur II Empire
LE SHAKO ET LE KEPI

S’il était besoin d’un symbole pour représenter le soldat français, le Képi serait à coup sûr celui-là. Sa silhouette bien particulière distingue entre mille autres le soldat français lors d’une cérémonie. .

Les origines du képi remontent au Shako (ou Schako) qui était la coiffure des  hussards, cavaliers d’origine hongroise admis au service français en 1692 (régiment des Hussards Royaux, puis Rattsky-Hussards en 1701). Si les premiers hussards étaient coiffés d’un bonnet de fourrure, les régiments au service de la France reçoivent en 1747 le shako qui est alors une coiffure tronconique, en feutre ou en cuir rigide, entourée d’une bande (ou flamme) de tissu qui est enroulée autour du shako. La hauteur du shako, sa forme plus ou moins tronconique ou cylindrique, et la longueur de la flamme (qui peut être enroulée, déroulée, drapée de manière à former une visière) varient selon les époques, mais ce shako devient la coiffure caractéristique des hussards français.

La révolution française va codifier cette coiffure par le décret du 26 Fructidor An VII (12 septembre 1799). Ce Shako de 1799 est le premier modèle officiel de toute une série qui s’achèvera vers 1840. La forme de ce shako n’est plus cylindrique mais évasée vers le haut et assez basse. Il est confectionné en feutre noirci avec un calot (fond de la coiffure) et un bourdalou (bordure inférieure de la coiffure) en cuir noir. Le shako comporte une visière amovible fixée par trois agrafes, et le mirliton a disparu.
Un nouveau modèle de shako, plus haut et moins évasé, sera introduit en 1801 (modèle An X) et coiffera les hussards (qui préfèreront garder le plus souvent le shako de 1799), les chasseurs à cheval et l’infanterie légère.  A partir de 1807 (décret du 25 février 1806) le shako sera généralisé dans toute la Grande Armée, le « pot de fleurs » (c’est son surnom dans la troupe, du fait de sa forme caractéristique), s’il n’est pas très élégant, est facile à fabriquer, est renforcé et protège très bien les soldats des coups de sabre, son usage se poursuivra dans l’armée française à travers l’Empire, puis les deux Restaurations. En 1821 le shako sans changer de forme s’allège, il est désormais confectionné en carton imperméabilisé recouvert de coton. A partir de 1844 le shako rétrécit vers le haut, retrouvant une forme tronconique.

C’est finalement la conquête de l’Algérie qui sonnera le glas du shako. Du fait de la chaleur régnant dans ce pays le port du shako est totalement inadapté pour les soldats dans le Bled. Après de nombreux essais naît en 1833 la Casquette d’Afrique. Il s’agit d’une coiffure tronconique en drap d’uniforme ornementée de petits galons, avec une visière protégeant bien du soleil. Cette coiffure allégée évoluera et donnera officiellement naissance en 1843 au « Bonnet de police à visière », une version raccourcie et allégée de la casquette d’Afrique. Le bonnet de police à visière reçoit un nom tiré de l’Allemand Käppi (diminutif de Kappe - bonnet)  nom donné par les légionnaires suisses ou allemands de la deuxième légion étrangère à leur Casquette d’Afrique ; mais on pourrait y voir également l’influence du Phécy…  Le képi devient  très vite populaire et son usage en métropole se répand avec le retour des vétérans d’Afrique. Fort de son succès et de ses avantages  le bonnet de police à visière est adopté pour l’ensemble de l’Armée (sauf la Marine) en complément du shako qui n’est plus conservé que comme coiffure de cérémonie (le dernier shako, modèle 1872, n’étant remplacé définitivement pour les cérémonies par un « képi rigide de première tenue » qu’à partir de 1886 - en théorie…).

Shako modèle 1872 de troupe

Plusieurs règlements interviennent en 1852 qui définissent les grandes caractéristiques distinctives du képi, dont certaines restent toujours d’actualité. De la très haute casquette d’Afrique, le képi diminue progressivement sous le Second Empire et adopte une petite visière de forme rectangulaire. Le calot, nettement plus petit que le tour de tête, est fortement excentré et penché vers l’avant. Sa popularité est incontestable dans l’armée et tous les corps de l’Etat en uniforme vont l’adopter (Police, Douanes, Pompiers, etc…). Son succès est tel qu’au cours des années 1860-70, il sera copié par de nombreux pays étrangers dont le plus connu est probablement les Etats-Unis d’Amérique (ce képi équipera les troupes de l’Union et celles des états Confédérés durant la guerre de Sécession). Ce képi était devenu partout dans le monde la coiffure représentative d’une armée française courageuse mais dont la gloire auréolée du conquérant africain va s’éteindre à Sedan .

Képi troupe (reproduction) du modèle 1884 et képi de sous-officier (jugulaire plus réçente)

Authentique et réglementaire bonnet de nuit de troupe de la "Belle Epoque" réceptionné et daté de 1908

Képi de grande tenue d'officier porté entre 1886 et 1910 avec le pompon doré puis après 1910 avec le plumet

Le colonel Joffre portant sont très haut képi "foulard " typique des années 1890/1900

Le Képi français continuera d’évoluer au gré de la mode, les modèles d’ordonnance entérinant ces différentes modifications (képi foulard, képi Saumur, képi Polo, képi semi-rigide, képi rigide…), les différentes armes ou service se distinguant par les couleurs de bandeau, de turban et de calot ainsi que par les couleurs des galons utilisés. Ces képis (modèle 1884) connaîtront le feu en 1914, nécessitant à des fins de camouflage l’usage de  couvre-képi en toile de couleur neutre, puis dès la fin de l’année le remplacement par des képis simplifiés de forme Polo en drap Bleu Horizon.

Képi recouvert de sa housse, ici en toile cirée et donc d'achat personnel, afin de diminuer la visibilité de la coiffure d'officier ou de sous-officier. ce modèle bleu clair (aussi appelé bleu horizon) succède à la même housse en drap gris de fer bleutée porté dans les 1ers mois du conflit

Sous-lieutenant, typique de la 1ère guerre: ce képi dont les soutaches sont remplacées par un galon en soie bleu ne peut être porté qu'à l'arrière du front, loin des zones de combat ou le casque Adrian est désormais obligatoire

La fin de la première guerre mondiale en 1918 et 1919 relancera l’usage des couleurs de tradition pour les képis français, qui reprendront de la hauteur puis deviendront totalement rigides (pour les officiers, comme pour la troupe) avec le modèle 1935 (auparavant les képis étaient plutôt semi-rigide, surtout ceux du modèle de troupe avec leur armature en toile de lin ou de jute, parfois renforcée d’une basane de cuir). Le képi est alors très proche du modèle actuel, l’ultime modification intervenant en 1959 avec le remplacement des numéros de corps brodés sur le devant du bandeau par une grenade (ou l’attribut spécial de certaines unités).

Traditionnelle cérémonie de remise du képi aux sapeurs par un parrain à l'issue de la formation initiale

Képi actuel de sapeur du Génie porté jusqu'au grade de Caporal