Sapeur du 5 ème Génie, en tenue de campagne, mars 1917

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Ce sapeur du 5 e RG est représenté en tenue de campagne (pour les sapeurs de chemin de fer, on ne peut pas vraiment parler de tenue de combat, car leur combat c'est avant tout un chantier situé en zone d'insécurité relative). Cette tenue de compagne est typique des dernières années de la guerre pour le génie. Notre sapeur, qui a deux années révolues passées au front (c'est ce qu'indiquent les trois chevrons de drap bleu foncé sur sa manche gauche - un chevron pour les douze premiers mois de présence effective au front, puis un chevron pour chacun des six mois suivants), porte encore une veste modèle 1914 confectionnée en drap gris bleuté d'importation (drap anglais probablement), non doublée de toile blanche mais modifiée en 1915 par le Maître Tailleur du 5 e RG (ajout d'une petite poche de poitrine). En revanche sa capote (toujours portée en tenue de campagne, mais le plus souvent ôtée pour le travail) est du modèle 1917 à double boutonnage (plus chaude et plus solide que la capote simplifiée mise au point en 1914 par le couturier Poiret) et qui vient de recevoir les toutes nouvelles pattes de collet selon les directives de janvier 1917 (pattes en forme de losange, en velours noir avec double soutache écarlate et chiffres en drap écarlate découpé à l'emporte pièce).

 

Les pattes de collet de la veste sont, elles, restées de l'ancien modèle rectangulaire introduit en 1915. Sa tête est désormais protégée par le casque métallique introduit dès l'été 1915 par l'intendant général Adrian, avec l'insigne du génie et peint dans la nouvelle teinte (après juillet 1916) gris foncé mat (les premières peintures Bleu Horizon réalisées en 1915 étaient trop claires et trop brillantes pour un bon effet camouflant). La tenue est uniformément gris-bleu clair, plus populairement dénommé Bleu Horizon, la basse visibilité des effets est recherchée, on ne voit plus la locomotive des SCF arborée sur la manche droite de la capote (son emplacement est encore visible sur la veste où elle devait figurer en drap écarlate découpé, mais elle a été retirée), tous les cuirs de l'équipement sont fauves désormais (un certain panachage d'effets anciens en cuir noir, surtout dans le génie qui n'est pas équipé en priorité, peut exister), et graissés pour les rendre imperméables (fini le cirage et les longues séances de lustrage à la caserne avant les revues). Les boutons sont en tôle ou en aluminium peint en gris-bleu (fini le tombac que l'on astiquait avec une brosse à l'aide d'une patience).

 

Les bandes molletières, en drap Bleu Horizon, ont désormais remplacé les guêtrons de cuir modèle 1912 de la mobilisation (pourtant plus faciles à utiliser), et non cintrées, elles ont été croisées avec maîtrise par ce vétéran « chevronné » (c'est bien là toute l'étymologie de ce mot) de manière à mieux épouser le galbe du mollet et fournir une meilleure protection. Le pantalon-culotte modèle 1915, en drap Bleu Horizon possède un passepoil noir selon le règlement de 1915 pour l'arme du Génie… il a déjà été bien éprouvé et a subi une grosse réparation (les sapeurs du fait de leurs travaux pénibles doivent souvent renforcer les genoux et le siège de leur pantalon).

Notre sapeur a conservé sur lui son équipement individuel en cuir, son bidon modèle 1877 de 2 litres recouvert d'une housse en drap BH (qui montre bien ici combien cette couleur peut être instable en fonction des intempéries et autres incidents de la vie au front), une musette modèle 1892 en toile cachou, et son étui métallique pour le masque de protection M2 contre les gaz. Notre sapeur est armé d'un mousqueton modèle 1892 dont la dotation a été étendue en 1916 à tous les régiments du génie auparavant détenteurs de fusils Lebel 1886. Ces Lebel étant récupérés pour doter l'infanterie qui commençait à en être cruellement démunie. Le porte-baïonnette du sapeur est donc désormais garni de la petite baïonnette de cette arme conçue initialement pour l'artillerie.

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Notre sapeur de chemin de fer (SCF) est représenté lors d'une halte et il vient de poser au sol son havresac modèle 1893. Celui-ci est une réalisation de temps de guerre (toile forte de couleur variable, ici beige vert clair) simplifiée (en temps de paix le génie possède une version en toile sombre dotée de courroies supplémentaires par rapport au modèle général, qui permettent de bien fixer les différents outils spécifiques à cette arme), sur lequel notre sapeur a arrimé son couvre-pieds (la petite couverture de laine brune), sa toile de tente de couleur beige, sa gamelle modèle 1877 et, sur le devant du sac, le fer de la grande pelle de parc du génie dans son étui de cuir, le manche désolidarisé est fixé sur le côté avec les mats et les piquets de la tente (appelés « sardines » de par leur forme caractéristique, bien visible ici).