Capitaine du 5 ème Génie, 6 ème compagnie de SCF, Armée d'Orient, en tenue de campagne, septembre 1917

L'entrée en ligne de la Turquie aux côtés de l'Allemagne en Septembre 1914, suivie, un an plus tard, de celle de la Bulgarie, conduisit les Alliés à étendre jusqu'en Orient le théâtre des opérations dès le début de 1915. Ce fut d'abord, sans succès, l'action navale contre le détroit des Dardanelles (15 Février, 18 Mars 1915), suivie du débarquement sur la presqu'île de Gallipoli (25 Avril 1915) ; puis le débarquement d'un corps expéditionnaire à Salonique sous le commandement du Général Sarrail (à partir du 5 Octobre 1915) en vue de porter secours à l'armée serbe, suivi de la constitution d'un front interallié dans les montagnes de Macédoine.

Le 5 ème RG détacha ses 6 ème et 10 ème compagnies de SCF sur ce théâtre. Cette tenue qui a appartenu au capitaine Lambert (nom inscrit par le tailleur sur le pantalon) nous permet de représenter ce capitaine en tenue de campagne au début du mois de septembre 1917 lorsque la 6 ème compagnie entreprend de construire une ligne à voie de 60 pour le ravitaillement du front à partir de Florina (siège du quartier général de l'armée française d'Orient) qui vient d'être reprise par les alliés.

 

Cette tenue, rarissime et dans un état tout à fait exceptionnel, nous permet de découvrir la tenue d'été des troupes métropolitaines de l'Armée d'Orient. Ces troupes, contrairement aux troupes coloniales habillées de drap « moutarde », combattent dans des uniformes de drap bleu horizon comme si elles étaient sur le front occidental, néanmoins pendant la période chaude (mai à septembre) elles sont dotées de tenues de toile beige sable (ce type de tissu étant déjà utilisé depuis la fin du 19 ème siècle pour confectionner les tenues des troupes dans les colonies françaises d'Afrique et d'Asie). Le capitaine Lambert s'est fait confectionner une tenue de toile directement extrapolée de la tenue pour officier modèle 1913 (en drap « gris de fer bleuté »), avec un col rabattu du type « Saxe » remplaçant le col droit, des pattes de col selon le nouveau règlement de janvier 1917 (losange de velours noir à double soutache de soie écarlate), et une culotte de toile qu'il porte avec des jambières de cuir fauve et une solide paire de brodequins cloutés de confection privée.

 

Le casque Adrian, muni d'un insigne du Génie, est porté car l'ennemi Bulgare est tout proche. Ce casque, équipé d'une jugulaire d'un modèle prisé des officiers, a été repeint sur place d'une peinture « moutarde » (fréquemment utilisée par les troupes coloniales), ce qui en fait une pièce très rare… L'équipement est composé d'un ceinturon- baudrier de type anglais (Sam Browne belt) avec un étui pour révolver 1892 de fabrication simplifiée 1915 (réglementaire), un étui pour jumelles et un porte-cartes modèle 1887 en cuir fauve. La tenue est simple et pratique avec des boutons en corozo brun et tous ses attributs fixée de manière amovible (galons de grade en bas des manches, pattes de col, chevrons d'ancienneté en haut de la manche gauche – un chevron pour les douze premiers mois de présence effective au front, puis un chevron pour chacun des six mois suivants). Ce capitaine n'a pas oublié de se munir d'un bidon réglementaire de 2 litres repeint en brun, et d'une canne ferrée pratique pour se déplacer sur ce théâtre aride et montagneux (la canne a remplacé le sabre comme symbole de l'autorité… sabre pour lequel la vareuse comporte d'ailleurs une fente permettant le passage d'une bélière).