Képi de grande tenue de Capitaine du Génie 1886-1910 |
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Képi de sergent du 5e Génie vers 1890 |
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DES ORIGINES DU KEPI FRANÇAIS S’il était besoin d’un symbole pour représenter le soldat français, le Képi serait à coup sûr celui-là. Sa silhouette bien particulière distingue entre mille autres le soldat français lors d’une cérémonie. Cette coiffure qui a été également adoptée (pour un temps) par d’autres armées au 19ème siècle qui voulaient s’inspirer d’une armée française auréolée d’une gloire coloniale et du souvenir Napoléonien (entre autres : armée américaine de l’Union, armée américaine des Confédérés, armée chilienne, armée péruvienne, armée bolivienne, armée serbe, armée italienne, armée grecque, armée roumaine, gendarmerie luxembourgeoise, armée norvégienne, armée hollandaise, armée suisse…), possède une longue histoire parfois mal connue. Les origines du képi remontent au Shako (ou Schako) qui était la coiffure des hussards, cavaliers d’origine hongroise admis au service français en 1692 (régiment des Hussards Royaux, puis Rattsky-Hussards en 1701). Si les premiers hussards étaient coiffés d’un bonnet de fourrure, les régiments au service de la France reçoivent en 1747 le shako qui est alors une coiffure tronconique, en feutre ou en cuir rigide, entourée d’une bande (ou flamme) de tissu qui est enroulée autour du shako. La hauteur du shako, sa forme plus ou moins tronconique ou cylindrique, et la longueur de la flamme (qui peut être enroulée, déroulée, drapée de manière à former une visière) varient selon les époques, mais ce shako devient la coiffure caractéristique des hussards français. La flamme de tissu est appelée Mirliton par allusion au roseau des enfants autour duquel s’enroulait une feuille de papier léger imprimé de mauvais vers. Ce nom est souvent donné à la coiffure tout entière. La révolution française va codifier cette coiffure par le décret du 26 Fructidor An VII (12 septembre 1799). Ce Shako de 1799 est le premier modèle officiel de toute une série qui s’achèvera vers 1840. La forme de ce shako n’est plus cylindrique mais évasée vers le haut et assez basse. Il est confectionné en feutre noirci avec un calot (fond de la coiffure) et un bourdalou (bordure inférieure de la coiffure) en cuir noir. Le shako comporte une visière amovible fixée par trois agrafes, et le mirliton a disparu. C’est finalement la conquête de l’Algérie qui sonnera le glas du shako. Du fait de la chaleur régnant dans ce pays le port du shako est totalement inadapté pour les soldats dans le Bled. Après de nombreux essais pour confectionner une coiffure « opérationnelle » (ces essais vont du béret au bonnet de meunier en passant par la casquette plate ou le fez à la grecque - le Fessi ou Phécy), naît en 1833 la Casquette d’Afrique. Il s’agit d’une coiffure tronconique en drap d’uniforme ornementée de petits galons, avec une visière protégeant bien du soleil. Cette coiffure allégée évoluera et donnera officiellement naissance en 1843 au « Bonnet de police à visière », une version raccourcie et allégée de la casquette d’Afrique (cette dernière ne sera plus portée que par les Chasseurs d’Afrique). Le bandeau de la nouvelle coiffure est de la couleur de la tunique, le turban et le calot à la couleur du pantalon. Le bonnet de police à visière reçoit un nom tiré de l’Allemand Käppi (diminutif de Kappe - bonnet) nom donné par les légionnaires suisses ou allemands de la deuxième légion étrangère à leur Casquette d’Afrique ; mais on pourrait y voir également l’influence du Phécy… Le képi devient très vite populaire et son usage en métropole se répand avec le retour des vétérans d’Afrique. Fort de son succès et de ses avantages le bonnet de police à visière est adopté pour l’ensemble de l’Armée (sauf la Marine) en complément du shako qui n’est plus conservé que comme coiffure de cérémonie (le dernier shako, modèle 1872, n’étant remplacé définitivement pour les cérémonies par un « képi rigide de première tenue » qu’à partir de 1886 - en théorie…). Plusieurs règlements interviennent en 1852 qui définissent les grandes caractéristiques distinctives du képi, dont certaines restent toujours d’actualité. De la très haute casquette d’Afrique, le képi diminue progressivement sous le Second Empire et adopte une petite visière de forme rectangulaire. Le calot, nettement plus petit que le tour de tête, est fortement excentré et penché vers l’avant. Sa popularité est incontestable dans l’armée et tous les corps de l’Etat en uniforme vont l’adopter (Police, Douanes, Pompiers, etc…). Son succès est tel qu’au cours des années 1860-70, il sera copié par de nombreux pays étrangers dont le plus connu est probablement les Etats-Unis d’Amérique (ce képi équipera les troupes de l’Union et celles des états Confédérés durant la guerre de Sécession). Ce képi était devenu partout dans le monde la coiffure représentative d’une armée française courageuse mais dont la gloire auréolée du conquérant africain va s’éteindre à Sedan (la plupart des pays étrangers qui l’avaient adopté s’en sépareront alors au profit de coiffures et de pièces d’uniformes d’inspiration allemande pour les Etats-Unis et le Chili, ou russe dans le cas de la Serbie… sic transit gloria… très rares sont ceux qui l’on conservé actuellement : Suisse, Luxembourg, Serbie…). Le Képi français continuera d’évoluer au gré de la mode, les modèles d’ordonnance entérinant ces différentes modifications (képi foulard, képi Saumur, képi Polo, képi semi-rigide, képi rigide…), les différentes armes ou service se distinguant par les couleurs de bandeau, de turban et de calot ainsi que par les couleurs des galons utilisés. Ces képis (modèle 1884) connaîtront le feu en 1914, nécessitant à des fins de camouflage l’usage de couvre-képi en toile de couleur neutre, puis dès la fin de l’année le remplacement par des képis simplifiés de forme Polo en drap Bleu Horizon. La fin de la première guerre mondiale en 1918 et 1919 relancera l’usage des couleurs de tradition pour les képis français, qui reprendront de la hauteur puis deviendront totalement rigides (pour les officiers, comme pour la troupe) avec le modèle 1935 (auparavant les képis étaient plutôt semi-rigide, surtout ceux du modèle de troupe avec leur armature en toile de lin ou de jute, parfois renforcée d’une basane de cuir). Le képi est alors très proche du modèle actuel, l’ultime modification intervenant en 1959 avec le remplacement des numéros de corps brodés sur le devant du bandeau par une grenade (ou l’attribut spécial de certaines unités: ancre des troupes de Marine, grenade à sept flammes de la Légion Etrangère, croissant du régiment de tirailleurs, étoile du régiment de spahis, lyre des formations musicales…).
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