Historique du 5e Génie

11juillet. – Loi relative à la création d’un 5ème régiment du Génie dit « régiment de Sapeurs de Chemins de Fer ».

(B.O., p.r. p.97)

Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté.

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Art 1 er. Il est crée un 5ème régiment du Génie dit « régiment de Sapeurs de Chemin de Fer », lequel comprend :

1° trois bataillons à quatre compagnies par bataillon ;

2° une compagnie de sapeurs-conducteurs.

Ces trois bataillons seront formés par les unités provenant de la suppression, dans les quatre régiments du Génie actuellement existants :

1° de quatre compagnies de dépôt ;

2° de quatre compagnies d’ouvriers militaires de Chemin de Fer ;

3° de quatre compagnies de sapeurs-mineurs.

Art.2. Par suite de la suppression opérée en vertu de l’article 1 er ci-dessus dans les quatre régiments du Génie, ces corps sont ramenés à la composition suivante :

trois régiments à cinq bataillons de quatre compagnies et une compagnie de sapeurs-conducteurs ;

un régiment à quatre bataillons de quatre compagnies et une compagnie de sapeurs-conducteurs.

Art. 3. La composition de l’état-major et des compagnies du régiment de Sapeurs de Chemin de Fer est réglée par le tableau annexé à la présente loi.

Art. 4. Aucun emploi nouveau d’officier supérieur ou de capitaine ne sera créé pour ces diverses formations.

Les officiers de ces grades seront prélevés sur l’ensemble de l’arme.

Art. 5. Toutes les dispositions contraires à la présente loi sont abrogées.

La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’État.

Fait à Paris, le 11 juillet 1889.

 

Signé : CARNOT

Par le Président de la République :

Le ministre de la guerre,

Signé : C. DE FREYCINET.

 

Le 5ème régiment du génie a été créé le 11 juillet 1889 à Versailles. Il est alors l'unique régiment de sapeurs de chemins de fer de l'armée française. Entre 1891 et 1923, les détachements du 5ème régiment du génie s'illustrent dans de nombreuses campagnes, en particulier dans les colonies.

1895 Madagascar

En 1895, la France envoie un corps expéditionnaire en vue de pacifier  Madagascar en imposant au gouvernement Hova le traité signé en 1885. Ce corps comprend 200 sapeurs du 5ème régiment du génie, chargés d'étudier la  possibilité d'établir des voies ferrées. Sa progression est rendue difficile par le terrain et les maladies.
Seuls 80 des 200 sapeurs partis sous le commandement du colonel MARMIER résistèrent aux difficultés rencontrées par l'expédition. Le courage dont font preuve les sapeurs de chemins de fer a permis d'inscrire:


« Madagascar 1895 »

sur le drapeau 5ème régiment du Génie.

 

 

Maroc 1911 - 1913

En 1911, les sapeurs de chemin de fer débutent la construction du réseau férré marocain. Les villes importantes (Oujda, Fez, Casablanca, Rabat) sont reliées entre 1911 et 1913. Réalisée pendant une période troublée et dans des conditions géographiques et climatiques difficiles, ces constructions valent au régiment la deuxième mention de son drapeau :


" Maroc 1911-1913"

Les sapeurs du 5ème régiment du génie ont joué un rôle stratégique majeur pendant la conquête du Maroc. En effet, dans un pays sans routes et aux pistes impraticables pendant la période des pluies, la voie ferrée offre alors la meilleure solution pour permettre le déplacement des troupes et leur ravitaillement.
Au cours de la première guerre mondiale, le général Joffre, chef d'état-major et ancien chef de corps du régiment, exploite les potentialités offertes par la voie ferrée. Aussi le 5ème régiment du génie est particulièrement sollicité dans la préparation de l'offensive et l'alimentation du champ de bataille en Champagne, l'acheminement des vivres et des munitions à Verdun, l'extension du réseau en vue du déplacement de l'artillerie lourde dans la Somme et la réalisation de nouvelles lignes en vue de l'offensive dans l' Aisne.

1914-1918

Le 5ème régiment du génie a joué un rôle considérable lors du premier conflit mondial. Le général Joffre, ancien chef de corps du 5ème, a su exploiter les potentialités offertes par la voie ferrée, tant au niveau stratégique qu'au niveau logistique. Les sapeurs de chemins de fer ont accompli de nombreuses missions : préparation de l'offensive et alimentation du champs de bataille en Champagne, l'acheminement des vivres, des munitions et des armes à Verdun, extension du réseau en vue du déplacement de l'artillerie lourde dans la Somme, réalisation de nouvelles lignes en vue de l'offensive dans l' Aisne. Le 5ème régiment du génie a été particulièrement sollicité, comme l'illustrent les mentions figurant sur son drapeau :

"Champagne 1915, Verdun 1916, Somme 1916, Aisne 1917"


1939-1945

Jusqu'au printemps 1940, le 5ème régiment du génie réalise différents travaux de construction de lignes et de gares de triage. L'offensive allemande amène les sapeurs de chemin de fer a accomplir des missions de destruction afin de ralentir l'avancée ennemie. Après l'armistice, 3000 sapeurs du régiment sont prisonniers en Allemagne et un certain nombre entrent en contact avec les mouvements de résistance. Conformément à leurs compétences, leur action consiste à renseigner sur les mouvements de troupes et les constructions de nouvelles voies.

A partir de septembre 1944, les compagnies du 5 apportent leur aide dans la reconstruction des ouvrages d'art durant les campagnes de France et d'Allemagne. Le régiment est notamment présent au sein de la Première Armée en participant à la bataille d' Alsace et au franchissement du Rhin à Kehl.

A la libération, les missions du régiment sont redéfinies et en 1946, il se dote de sa devise actuelle :

«Partout, Toujours, Réaliser»

En 1946, le 5ème RG a pour mission la construction du pont de chemin de fer qui enjambe le Rhin à Kehl de Strasbourg. Ce pont, lancé en moins de trois mois, a assuré seul l'ensemble du trafic ferroviaire entre la France et l'Allemagne de 1946 à 1956.

Le matériel utilisé comprend deux travées de pont Bonnet-Schneider IV ter mesurant au total 180 mètres pour un poids de 800 tonnes. Le pont de Kehl demeure l'une des plus belles réalisations alliées dans le domaine du rétablissement des communications au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Indochine

Eu égard à sa vocation de bâtisseur, il se voit confier la création, l'entretien et le rétablissement des voies ferrées en Indochine. De 1946 à 1950, les sapeurs du 5ème G énie compte à leur actif la reconstruction ou la réparation de 51 coupures de voies et de 62 ouvrages. Ils ont aussi assuré la traction des trains blindés et des rafales (convois ferroviaires) sur la ligne du Sud- Annam et de la Cochinchine. Enfin, une section voie ferrée, basée à Saigon, a fournit mécaniciens et chauffeurs sur trains blindés. Elle a eu également pour mission la réalisation d'importants travaux lourds, comme les ponts sur la ligne Saigon-Loc Ninh.  

1956-1962

L'accroissement de présence des troupes depuis 1954, en Algérie a augmenté le trafic ferroviaire. Des 1956 la rébellion algérienne contrarie le trafic par des sabotages. Afin de maintenir la continuité du rail, deux compagnies du bataillon de travaux lourds sont envoyées en Afrique du Nord. Il s'agit des compagnies 5/4 et 5/1 qui rejoignent l' Algérie respectivement en juillet 1956 et février 1957. Renforcées en matériel, elle rassemblent 300 hommes chacune. C'est deux unités réintègre la métropole en octobre 1962, après avoir modernisé 200 Km de voies et créer 65 Km. Près de 300 sabotages de voies et 132 ponts ont été réparés.Ainsi que l'accomplissement de travaux d'intérêt public en métropole.

1998

Des réformes successives transforment le 5ème régiment du génie en régiment de travaux lourds. Si la vocation voie ferrée demeure, la composante travaux publics gagne en importance en récupérant les anciennes compagnies de travaux du 31° régiment du génie basées sur les camps militaire. La 1ère compagnie de travaux à Mourmelon. La 2ème compagnie de travaux à Mailly, qui sera dissoute en juin 2005. La 3ème compagnie de travaux de la courtine qui sera délocalisée sur Canjuers. La 5ème compagnie de Valdahon qui sera restructurée pour devenir la compagnie de réserve, basée à Versailles. Le 5ème régiment du génie intègre la brigade du génie en 1999.

2002

Le 10ème mandat du bataillon du génie ( BATGEN 10) s'est déroulé du 10 juin au 11 octobre 2002. A ppartenant à la brigade multinationale nord : le BATGEN est implanté depuis sa création sur le camps maréchal de Lattre de Tassigny à Novo Selo dans la zone de responsabilité française au Kosovo. Le 5ème régiment du génie a été le régiment pilote du BATGEN 10 en fournissant environ 40% des effectifs. Spécialisé dans les travaux d'infrastructure horizontal, le 5ème régiment du génie est présent dans la région des Balkans depuis 1998, il a aussi assuré des missions au profit des populations et divers chantiers ont été l'occasion de coopérer avec des sapeurs de la brigade multinationale.

Le 5ème régiment du génie en Côte d'Ivoire sous mandat ONU

La résolution n°1528 du 27 février 2004 de l'ONU a établi la création de l'ONUCI : l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire. Agissant dans ce cadre, un détachement composé de 173 militaires du 5ème régiment du génie a rejoint la Côte d'Ivoire. Seule unité française de l'ONUCI, ce détachement part en autonomie complète. Spécialisé dans les travaux publics, le 5éme régiment du génie a été projeté avec ses engins pour deux ans (avec relève semestrielle). 169 véhicules et engins de travaux publics ont été projetés par voie maritime en mai 2004 pour accomplir les missions de maintien des axes logistiques principaux. Rappels des missions de l'ONUCI :

-Observation du cessez-le-feu.

-Désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement et réinstallation.

-Protection du personnel des Nations Unies, des institutions et des civils.

-Appui aux opérations humanitaires.

- Appui à la mise en oeuvre du processus de paix.

 

Parfois détruire. Souvent construire. Toujours servir.